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Culture sommeil

Le sommeil est-il source de plaisir, ou bien de stress ?

François Duforez

9 août 2021

François Duforez, médecin du sport et du sommeil, responsable scientifique du SommeilLab Bultex, évoque le sommeil sous le prisme de l’hédonisme. Le sommeil est-il source de plaisir, ou bien de stress ?

 


Les gens ont un rapport à la fois anxieux et hédoniste au sommeil. Quoi qu’il en soit, il faut être vigilent par rapport à sa qualité de vie. En plus, il y a un effet générationnel. Je pense que les jeunes générations ne veulent pas vivre ce qu’ont vécu leurs parents. Ils ont vu des parents s’épuiser à la tâche et pas toujours en retirer des bénéfices en terme de plaisir. Eux désirent autre chose.

 

L’idéal serait d’apprécier son sommeil dans le détail de ce qui nous entoure. Si on veut bien faire les choses, il faut les faire avec plaisir. Pour moi, c’est un plaisir d’aller me coucher à l’heure qui me convient, parce que je sens ce lâcher prise et cette pression du sommeil qui arrive, et qu’il est très agréable de passer d’un état conscient à un état inconscient.

 

Pourquoi je le fais ? Parce que je suis bien dans mon lit, qu’il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, que la lumière est éteinte, et que les huiles essentielles, par exemple, me donnent des souvenirs agréables qui me font entrer plus facilement dans des mécanismes sensoriels. Le résultat, c’est que je prends plaisir à entrer dans le sommeil.

 

En résumé, ça veut dire qu’il faut avoir de la rigueur par rapport au mode de vie qu’on a dans la journée, et ne pas oublier qu’il existe différentes techniques pour diminuer le stress et l’anxiété, liés à ce monde connecté et souvent anxiogène dans lequel nous vivons.

 

Et puis, il faut apprendre à faire de la chambre à coucher un véritable sanctuaire. Un endroit où l’on se sent bien, en sécurité. Un peu comme la caverne des hommes préhistoriques, quand ils devaient se protéger la nuit. Quand je rentre dans ma chambre à coucher, que j’ai organisé en fonction de mon mode de vie, des gens qui m’entourent, etc. je suis en sécurité et je m’endors avec plaisir. Il faut à la fois maîtriser les éléments qui permettent de bien dormir en terme d’environnement, pour ensuite avoir plaisir à laisser passer le train du sommeil et se sentir partir dans un autre monde.

 

C’est une approche globale, holistique. Aller dans la nuit procure du plaisir. Les gens qui ont des problèmes de sommeil nous disent « pourvu que je dorme », « pourvu que je ne me réveille pas à 3h du matin ». Alors là, c’est évident qu’ils ne vont pas bien dormir et que leur cerveau leur jouera des tours.

 

Par le sommeil on va rentrer dans le vaste territoire des neurosciences, un domaine en plein développement. On a plein de choses à apprendre sur la programmation cérébrale, sur son fonctionnement (comprendre les mécanismes de ce que l’on sait, de ce que l’on ressent et de ce que l’on fait). Et la notion de plaisir est clé. Parce que si on introduit d’autres contraintes, dans un quotidien déjà contraignant, on ne tiendra pas la distance.

 

Enfin, je pense que pour apprécier les bonnes nuits il faut aussi en faire des mauvaises. S’il fait beau tout le temps, les gens finissent par trouver le beau temps normal. Ce sont les jours de pluie qui nous font apprécier le beau temps. Pour le sommeil, c’est pareil. Si on passe une mauvaise nuit pour X raisons, que ce soit à cause de la pleine lune, d’une mauvaise nouvelle, d’un décès, d’un environnement angoissant, c’est normal ! Ce qui n’est pas normal c’est que cela se produise tous les jours et pendant des années. Là, on rentre dans la pathologie. Mais le fait d’avoir des mauvaises nuits nous permet d’apprécier les bonnes.

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