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Culture sommeil

Le sommeil c’était mieux avant ?

Pauline Certes

10 juin 2021

Véritable obsession de l'époque, le sommeil a-t-il toujours occupé une place centrale dans nos existences ? Les Français dormaient-ils mieux jadis qu'aujourd'hui, dans notre société moderne ? Décryptage.

Pour la majorité des êtres humains occidentalisés, « bien dormir » c’est effectuer une nuit de huit heures d’une traite, paisible et sans coupure. De quoi attaquer en pleine forme le lendemain matin. Mais ça n’a pas toujours été la norme. C’est en tout cas la thèse défendue par Roger Ekirch, historien et enseignant à l’Institut Polytechnique de Virginie, aux Etats-Unis, qui travaille depuis plus de vingt ans sur cette passionnante question du sommeil à travers les âges.

 

Selon le spécialiste, jusqu’à la fin du XVIIe siècle, le sommeil était « fragmenté ». Les nuits étaient scindées en deux, avec une phase de réveil au milieu. Nos ancêtres allaient donc se coucher vers 21h, se réveillaient autour de minuit pour une heure environ, et retournaient ensuite dormir jusqu’au petit matin. Mais ce petit temps de pause n’était pas inutile, loin de là, comme l’explique Roger Ekirch au Huffington Post : “Les gens s’adonnaient aux activités les plus variées, comme brasser de la bière ou… aller voler le bois du voisin. D’autres restaient couchés. C’était pour eux un moment très important, voire sacré, pendant lequel ils réfléchissaient aux événements de la journée, méditaient et priaient.” L’équivalent de notre pause yoga ou relaxation aujourd’hui, en somme.

Et la lumière fût

Mais alors, pourquoi a-t-on changé nos habitudes ? Il y a plusieurs éléments qui ont conduit à une métamorphose de nos nuits. Pour Roger Ekirch, la principale responsable est sans aucun doute la lumière artificielle, comme il l’explique dans son ouvrage « La grande transformation du sommeil » (éditions Amsterdam). En se penchant sur les recherches du chronobiologiste Thomas Werch, menées dans les années 90, Ekirch découvre que les individus privés de lumière après le coucher du soleil adoptent de manière spontanée ce fameux sommeil en deux temps dit « sommeil biphasé ». C’est donc avec l’industrialisation de la société au XVIIIe et au XIXe siècle, et la généralisation de l’accès à l’électricité dans tous les foyers, que notre sommeil a commencé à se transformer. En ayant la possibilité de veiller plus tard, les Français ont ainsi commencé à décaler leur horaire du coucher. Et alors que la révolution industrielle se met en place, et qu’on délaisse le travail aux champs pour le travail à l’usine, caractérisé par un rythme soutenu, ce sont les nouvelles pressions de la société qui viennent dicter l’heure du réveil et du coucher aux travailleurs Français, et non plus la lumière naturelle qui rythmait jusqu’alors les journées.

 

Cette lumière artificielle est bien sûr un progrès incontestable, tant pour notre confort de vie que notre sécurité (notamment dans l’espace public). Mais, problème, elle envoie le signal à notre cerveau qu’il fait encore jour même le soir venu, et vient chambouler notre rythme circadien (notre horloge interne, pour simplifier), et donc notre sommeil.

 

La preuve, aujourd’hui, un Français dort 6h et 42 minutes en moyenne (source Irsem), soit environ 1h30 de moins qu’il y a 50 ans. 

 

Alors, peut-on faire un retour en arrière et revenir aux habitudes de nos ancêtres ?  Comment retrouver un sommeil plus physiologique ? En régulant notre exposition à la lumière, tout simplement. Et tout spécialement la lumière bleue, celle qui émane de nos écrans. On éteint donc la télévision au moins une heure avant d’aller se coucher, et on proscrit smartphone et autres tablettes sous la couette. Mieux, on les bannit même de la chambre à coucher. De nouveaux réflexes somme toute assez simples à mettre en place pour dormir comme un bébé. Alors, cap ou pas cap ?

 

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