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Sport, science & performance

Armel Tripon

Solene

14 juin 2021

Il évoque pour nous son parcours et la gestion du sommeil en mer.

 


J’ai démarré la voile assez tard, à l’âge de dix-neuf ans. J’ai découvert ce sport par le biais de la croisière, avec des amis. Ça a été un vrai coup de foudre. Je me suis lancé, en commençant par devenir moniteur de voile. Progressivement j’ai goûté à la régate, la course, en naviguant sur tous types de bateaux. Ensuite est venue la course au large. Je préparais les bateaux d’autres skippers. De fil en aiguilles, j’ai eu envie de franchir le cap et de courir à mon tour. C’est comme ça que j’ai fait une première course au large, le Mini Transat’, en 2001. Une course en solitaire entre la France et le Brésil. Cette première tentative a échoué. J’ai dû abandonner. En 2003, j’ai à nouveau tenté ma chance, avec un projet plus abouti, mieux construit. C’est la première course que j’ai gagnée. Pour moi, ça a été un véritable tremplin et ça m’a permis d’accéder au Circuit Figaro, un circuit plus professionnel, avec un nouveau sponsor, pendant sept ans. Là, j’ai vraiment appris ce qu’était la compétition de haut niveau. Ça a été extrêmement enrichissant, et très dur aussi, car pendant ces années, les résultats n’étaient pas toujours au rendez-vous, mais ça m’a appris à me remettre beaucoup en question.

 

Et puis après, il y a eu pas mal de navigation sur différents types de bateaux, où je n’étais pas spécialement le skipper, mais co-skipper ou équipier, ce qui m’a permis d’avoir une vision un peu plus large de notre sport, sur des class40 (monocoques) et des multicoques. Et puis, un retour sur le circuit Imoca en 2014, avec la Route du Rhum. L’objectif ensuite était de faire le Vendée Globe en 2016. Malheureusement le projet a échoué, mais j’ai réussi à rebondir avec un autre projet pour faire la Route du Rhum, à nouveau, en 2018, en multicoques. Et en 2020, j’ai fait mon premier Vendée Globe. Voilà, en résumé, mes quelques années de courses au large, avec différents types de bateaux.

"La gestion du sommeil, du stress, des émotions, c’est essentiel, au même titre que l’hygiène ou la nutrition."

 

 

Ce métier demande d’être pluridisciplinaire. Quand on fait de la course au large, et c’est encore plus vrai en solitaire, il faut savoir un peu tout faire.

 

Il n’y a pas besoin d’être expert dans un domaine très particulier ou très pointu, mais il faut maîtriser l’art de la navigation, avoir des connaissances météo, savoir faire marcher un bateau rapidement, être capable de réparer des pièces qui ont cassé, être autonome sur son bateau. Et puis, il faut également savoir se gérer soi-même, bien se connaître, car l’humain est au cœur du métier. La gestion du sommeil, du stress, des émotions, c’est essentiel, au même titre que l’hygiène ou la nutrition. Et puis en même temps il faut aussi être capable d’aller trouver des sponsors, et financer ses projets. C’est devenu une partie prépondérante de notre métier. Sans sponsor, sans finance, il n’y a pas de projet.

 

Cette exigence qu’on met sur l’eau, on la retrouve aussi dans la vie à terre. Il faut une continuité. Une course, ça se prépare. Bien sûr, c’est dur à terre, d’être focalisé à cent pour cent sur son objectif sportif. En amont, il y a la recherche d’un partenaire, la gestion d’une équipe… C’est très complet et très vaste. Mais il faut garder cette rigueur dans son alimentation, son sommeil… bref, tout ce qui concerne l’hygiène de vie. Bien sûr, après deux ans de préparation intensive et trois mois de Vendée Globe, il arrive qu’on se relâche un peu. Mais bon, très vite on repart dans une nouvelle dynamique, avec cette même exigence sur le sommeil, la nutrition, la préparation physique et mentale…

 

 

Sur terre comme en mer, le sommeil est un allié, et le repos, une arme presque tactique.

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